Dans un communiqué publié jeudi 7 août par sa diplomatie, l’Algérie accuse la France de "s’exonérer de ses responsabilités" dans la crise qui oppose les deux pays depuis plusieurs mois. Une réponse directe à la lettre transmise par Emmanuel Macron à son gouvernement mercredi 6 août, dans laquelle il demande davantage de fermeté envers l’Algérie.
Le ton monte d’un cran et chacun se renvoie la balle, et ce ping-pong diplomatique s’est à nouveau produit jeudi 7 août. Au lendemain de la lettre transmise par Emmanuel Macron à François Bayrou à travers laquelle il exige "plus de fermeté et de détermination", Alger s’est fendu d’un communiqué accusant Paris de nier "sa responsabilité" dans la crise diplomatique que connaissent les deux pays. Dans ce communiqué, l’Algérie dénonce notamment la suspension de l’accord sur l’exemption des visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service.
Selon elle, cette lettre ferait "porter tous les torts à la partie algérienne", qui assure que "rien n’est plus loin de la vérité et de la réalité", d'après le ministère algérien des Affaires étrangères. Elle rappelle également que "c’est la France, et elle seule, qui a été à l’origine de cet accord d’exemption de visa. En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l’Algérie l’opportunité idoine d’annoncer, quant à elle, la dénonciation pure et simple de ce même accord".
Un divorce bientôt acté entre Alger et Paris ?
Aujourd’hui, les relations diplomatiques sont presque réduites à néant entre Paris et Alger, et la lettre transmise hier par Emmanuel Macron relayée par le Figaro ne devrait pas arranger les choses. Le président français, jusqu’alors plutôt ouvert à l’égard d’Alger dans le but d’obtenir la libération de l’écrivain Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, a ainsi décidé de mettre fin à cette clémence au fur et à mesure qu’il voyait ses espoirs de libération s’éloigner.
En demandant à son gouvernement de "prendre des décisions supplémentaires" pour "agir avec plus de fermeté et de détermination", il marque une rupture franche avec Alger. Il demande notamment de recourir au levier "visa-réadmission” qui permet de suspendre la délivrance de visas de long séjour aux citoyens d’un pays dont les autorités coopèrent "insuffisamment" pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière. Une fermeté qui reste encore éloignée de la ligne de Bruno Retailleau sur le sujet, qui avait notamment remis en cause les accords de 1968 qui encadrent entièrement le statut des Algériens en France. [6Medias]