Affaire Madiambal Diagne - La Centif et le PJF sur un blanchiment présumé d’environ 12 milliards FCFA (médias)

Mercredi 1 Octobre 2025

Le journaliste et entrepreneur Madiambal Diagne

Un réquisitoire du procureur financier du Pool judiciaire financier (PJF) a alourdi le dossier relatif à l’implication de l’homme d’affaires Madiambal Diagne dans le Programme de modernisation et de construction d’infrastructures judiciaires de la Justice (PMCIJ). Selon le site Seneweb et le quotidien L’Observateur, des opérations présumées suspectes de l’ordre de 10 milliards de francs CFA sont dans le collimateur du juge financier après exploitation des investigations de la Cellule nationale de traitement des infirmations financières (Centif). Un montant que le juge financier considère suspect et « dont plus de 4 milliards de francs CFA (sont) en doublon et sans justification contractuelle », précisent les deux médias. 

 

Attributaire le 27 novembre 2020 d’un marché de 250 milliards de francs CFA visant la construction de 69 bâtiments judiciaires et d’un hôpital à Ourossogui (région nord), la compagne française Ellipse Projects International s’est liée à la SCI Pharaon dont le propriétaire exclusif est l’entrepreneur Madiambal Diagne. Mais selon Seneweb, « un contrat de sous-traitance anticipé a été signé le 5 février 2020, soit dix mois avant, entre Ellipse Projects et la SCI Pharaon pour une rémunération globale de 20 milliards 334 millions 667 mille francs CFA. »

 

Selon nos confrères, les sommes litigieuses relevées dans les transactions entre les deux entités se chiffrent à environ 12 milliards de francs CFA. 

 

Pour la Centif, une telle rémunération (20,334 milliards de francs CFA0) « paraît excessive au regard de l’objet de la sous-traitance (accompagnement, études architecturales, suivi et assistance à l’exécution des travaux) et semble établir des éléments d’une surfacturation. »

 

« Toutefois, au-delà de l’antériorité temporelle qui constitue un indice fort d’une planification occulte du projet public autour d’un prestataire déjà sélectionné, l’analyse des stipulations du contrat de sous-traitance conforte l’existence d’une collusion entre les acteurs de ce projet. En effet, elles définissent déjà de façon précise et exhaustive les prestations du contrat principal non encore signé. »

 

D’après L’Obs, « (…) la SCI Pharaon aurait utilisé son contrat de sous-traitance avec Ellipse Projects International pour obtenir des financements. » L’un de ces financements serait « une ligne de credit de 5 milliards de francs CFA destinée à un projet immobilier aux Mamelles. »Paraphrasant le Parquet financier du PJF, le journal rapporte « qu’il s’agit d’un montage contractuel et financier destiné à détourner des fonds publics. » 

 

Pour le Parquet financier, les procédés utilisés rendent « (…) crédible l’hypothèse selon laquelle les annonces médiatisées de la société visaient à légitimer a posteriori une stature technico-financière qui n’existait pas auparavant. » 

 

Après sa fuite en France dans la nuit du 24 au 25 septembre, la police judiciaire a en effet procédé a l’arrestation de sa femme, de deux de ses enfants et d’une autre personne présentée comme son marabout. Sur les réseaux sociaux et dans la presse quotidienne, Madiambal Diagne, depuis Paris, dénonce une « chasse à l’homme » contre sa personne et un « rapt familial » dont il se dit victime. Il y raconte dans le détail les péripéties de son passage à l'aéroport international Blaise Diagne, l'interdiction "illégale" qui lui est opposée alors qu'il avait un voyage d'affaire à Paris et sa décision de quitter le pays par d'autres moyens pour assurer sa propre "sécurité". Mais il ne révèle pas les voies par lesquelles il a pu arriver dans la capitale française.  

 

Pendant ce temps à Dakar, une partie de sa famille est placée sous mandat de dépôt car « Madiambal Diagne, Mohamed Diagne, Alex Alizé, Olivier Picard (et) Arnaud Cudel sont inculpés pour des faits d’escroquerie portant sur des deniers publics d’un montant de 12 milliards, donc largement supérieur au seuil fixé par la loi » qui est de 100 millions. Pour l’heure, « le ministère public précise que ce montant n’est ni remboursé, ni cautionné et que des contestations sérieuses ne peuvent être soutenues eu égard aux constatations effectuées par la Centif.»
 

A Paris, Madiambal Diagne tisse la toile de sa défense en prévision des face-à-face qui l’attendent avec la justice sénégalaise. Dans sa première relation avec l’opinion à partir de Paris, il avait promis de revenir au Sénégal « dans quelques jours » pour faire face à ses responsabilités. Le pool d’avocats qu’il est en train de constituer comprend le cabinet français William Bourdon & Associés, et les Sénégalais El Hadj Amadou Sall, Arona Basse, Ousmane Thiam, Baboucar Cissé, Dior Diagne, Papa Sène. Ceux-ci pourraient être rejoints par d’autres ténors du barreau de Dakar. [IMPACT.SN]

 
Momar Dieng
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