Le 30 septembre 2025, le Fonds monétaire international (FMI) et la Côte d’Ivoire ont paraphé divers accords sur le Mécanisme élargi de crédit (MEDC), sur la Facilité élargie de crédit (FEC) et sur le Fonds pour la résilience et la durabilité (FRD). Ces programmes d’appui au programme économique et financier et aux réformes climatiques ouvrent au gouvernement ivoirien l’accès à des crédits de 3,5 milliards de dollars (environ 1980 milliards de francs CFA).
Selon le FMI, « les autorités (ivoiriennes) ont accompli des progrès considérables dans la réalisation de leurs principaux objectifs économiques », lit-on dans le communiqué publié par l’institution de Bretton Woods. Ces objectifs sont« la résorption des déséquilibres macroéconomiques, la reconstitution des réserves régionales, la promotion de la transformation économique pour atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et le renforcement de la résilience climatique grâce à des réformes d’adaptation et d’atténuation », indique la même source.
Ces efforts visant à « renforcer la stabilité macroéconomique » du pays et à « obtenir l’appui financier du FMI » ont été salués par CIVIS Côte d’Ivoire comme dans une note rendue publique le 6 octobre 2025. Toutefois, cette association citoyenne soulève des préoccupations concernant les « répercussions possibles de ces mesures sur les populations vulnérables, l’équité sociale et la durabilité environnementale ». En effet, ajoute la même source, si l’accord entre le FMI et Abidjan « met en avant une performance économique ‘’satisfaisante’’ et une résilience notable, il aborde de manière insuffisante les défis structurels persistants et les risques socio-économiques auxquels les citoyens restent exposés. »
En perspective d’une application de principes libéraux contenus dans les accords signés entre les deux parties, CIVIS appelle l’Etat ivoirien à ne pas livrer à la marchandisation des « biens et services non importés » qui sont « essentiels pour les populations, comme « le logement, le transport et la santé. » Le devoir des autorités est de « veiller à la stabilité des prix » par la maitrise de l’inflation afin de protéger le pouvoir d’achat des citoyens « au-delà des performances affichées dans les indicateurs macroéconomiques » de l’Etat.
Pour CIVIS, les priorités macroéconomiques du gouvernement ivoirien - maitrise des dépenses, endettement et déficit budgétaire en particulier - pour importantes qu’elles soient en termes d’engagements souscrit auprès du FMI, ne doivent pas se substituer aux « priorités sociales et environnementales », réduire « l’investissement dans le capital humain », ou « sacrifier la lutte contre la pauvreté. » Ce serait le plus sûr moyen de « perpétuer les inégalités plutôt que de promouvoir un développement inclusif pour tous les Ivoiriens. »
En ce qui concerne les risques climatiques, l’association dirigée par Christophe Kouamé déplore qu’ils ne soient pas clairement « quantifiés en termes d’impact sur les populations vulnérables, comme les agriculteurs touchés par les inondations ou la sécheresse. » Une situation qui pourrait s’aggraver avec « l’absence de participation citoyenne dans ces processus – via des consultations avec les ONG environnementales », aboutissant « au risque de privilégier des projets d’atténuation (comme l’énergie verte) au détriment de l’adaptation immédiate. »
Au moment où le Plan national de développement 2021-2025 tire à sa fin, CIVIS estime que le PND 2026-2030 devrait pouvoir bénéficier d’assez de ressources, notamment grâce à une lutte plus efficiente contre l’évasion fiscale, un levier dont l’usage est souvent « facilité par les avantages préférentiels du Code des investissements octroyés aux investisseurs étrangers. » Or, la mobilisation des recettes préconisée par le gouvernement est « trop modeste au regard des défis démographiques et sociaux » auxquels le pays fait face. Aussi, l’association plaide-t-elle pour « une mobilisation fiscale plus ambitieuse orientée vers la justice sociale avec des allocations ciblées pour réduire les inégalités. » C’est ainsi que l’Etat pourrait « promouvoir un développement durable, plutôt que de prioriser la conformité aux normes de l’Uemoa. » [IMPACT.SN]