« 3ème mandat » - La question d’Aminata Touré à Ismaïla Madior Fall : Le référendum de mars 2016 était-il une escroquerie planifiée contre les Sénégalais ?

Vendredi 2 Décembre 2022

Alors que le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall défendait le projet de budget de son département, Aminata Touré l’a interpellé longuement sur le sens et les motivations du référendum de mars 2016, en particulier sur la question du nombre de mandats présidentiels.


« (Monsieur le ministre de la Justice) Vous, professeur émérite et intellectuel, je sais que vous êtes capable d’assumer vos idées. Je vous demande de regarder chacun les yeux dans les yeux, ici dans cette Assemblée, et devant le peuple sénégalais, et de leur répéter une 4e fois : « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. » (ndlr : le ministre Ismaïla Madior Fall avait pris l’habitude de déclamer à trois reprises : « ‘’Nul ne peut faire faire plus de 2 mandats consécutifs.’’ Je répète : ‘’Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs.’’ Je répète : ‘’Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs.’’ C’est clair non ? ».
 
(Monsieur le ministre de la Justice). Le Président de la République, vous-même, moi-même, le président du groupe parlementaire (Benno Bokk Yakaar, Me Oumar Youm), nous avons tous défendu la Constitution du Sénégal. Vous avez dit et défendu partout – et nous aussi - que cette Constitution est verrouillée et que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.
 
(Monsieur le ministre) Ce que nous savons et que nous devons rappeler, c’est que nous avions dépensé plusieurs milliards de FCFA (ndlr : pour organiser tout ce qui a trait au référendum populaire de mars 2016 qui a donné une nouvelle Constitution au Sénégal). Ce que je veux savoir est ceci : est-ce que quand nous disions aux Sénégalais (à propos de cette Constitution dite verrouillée en ce qui concerne la question du nombre de mandats) nous les trompions volontairement ou non ? Car ce que vous précisez aujourd’hui (ndlr : des dispositions transitoires, l’habilitation du conseil constitutionnel à accepter ou rejeter les candidatures), vous ne l’aviez pas précisé en 2016 (ndlr : le référendum a été organisé en mars 2016).
 
(Monsieur le ministre) Est-ce que (ce référendum) était une opération de filouterie ? Je n’ose pas le croire ni l’espérer ! Car ce que nous disions aux Sénégalais en dépensant des milliards de FCFA, c’est que le Président Macky Sall, en février 2024, aura fini ses mandats à la tête du Sénégal (suivant l’article 27 de la Constitution qui stipule que « Nul ne peut faire plus de 2 mandats consécutifs. »)
 
(Monsieur le ministre) C’est vous qui étiez l’artisan de cela ! C’est pourquoi il est important aujourd’hui que vous regardiez les Sénégalais droit dans les yeux et que vous leur disiez très clairement (ce qu’il en est réellement). N’oubliez pas que vos étudiants vous suivent et vous prêtent oreilles.
 
(Monsieur le ministre) Vous êtes un intellectuel et tous les intellectuels sont porteurs de responsabilités dans ce pays. Ils doivent être fidèles à la Constitution du Sénégal et pas seulement à leurs privilèges. »
 
(Nota bene : une grande partie de l’intervention d’Aminata Touré s’est faite en langue wolof. Les propos ci-dessus ont donc été traduits en français, avec des imperfections possibles.)  
 
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