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Quinquennat 2019-2024 : Le temps de la dissimulation

Vendredi 19 Avril 2019

Devant les électeurs du peuple souverain, le président élu le 24 février, par ruse ou tactique, n’avait pas jugé nécessaire de faire part aux électeurs de sa volonté de supprimer le poste de premier ministre. Une cachotterie institutionnelle qui affaiblit les premiers pas du mandat en matière de transparence et qui, en même temps, devient un marqueur de soupçon par rapport aux modalités futures de « transmission » du pouvoir par un chef de l’Etat qui ne pourra pas se représenter en 2024.


« Cet homme est dangereux car il est une synthèse de la froideur d’Abdou Diouf et de la ruse d’Abdoulaye Wade. » Cette confidence d’un observateur politique membre de la société civile découle de la nouvelle méthode de gouvernance que le président de la République a commencé à faire sienne depuis sa prestation de serment du 2 avril suivie de la formation du premier gouvernement « dégagiste » de son deuxième et dernier mandat.
 
Du reste, ses responsables, militants et alliés sont dans l’expectative depuis la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 février. Déstabilisés par la radicalisation du culte du secret auquel il les soumet subitement. Echaudés par les propos sans appel rapportés de son sermon du mardi 16 avril consacré aux récriminations médiatiques de certains d’entre eux contre la méthode que voilà.
 
Mais il est le président de la République élu avec 58,26% des suffrages du peuple souverain, légitimé par un taux de participation plus que respectable, unanimement félicité par la communauté internationale quoique honni par son opposition interne. Il peut donc tout se permettre. Ou presque.
 
Dans le maquis de son trop-plein de pouvoirs qui en fait le dieu de la République, Macky Sall se sent investi de missions grandioses pour lesquelles il aurait besoin de marges de manœuvres illimitées. Il en a les moyens sans doute. Ce qui est toutefois problématique, c’est cette politique de dissimulation à laquelle il se livre en toute liberté, sans opposition.
 
Pendant trois semaines, en parcourant le pays, il a décliné sa volonté de poursuivre les chantiers du Plan Sénégal Emergent (PSE) dans sa phase 2, tout en promettant d’entamer de nouvelles réformes visant à consolider la démocratie et les institutions qui la sous-tendent. Mais en se réveillant un beau jour, le chef de l’Etat fait annoncer par un autre canal que lui-même – une habitude - la suppression imminente du poste de premier ministre. Une initiative qui va entraîner derechef la modification de la Constitution de mars 2016. La charte fondamentale du pays avait déjà subi des changements inhérents aux nouvelles conditions d’organisation et de participation à l’élection présidentielle. Où va-t-on ?
 
Le propre d’un dirigeant qui exerce les plus hautes charges est de s’inscrire dans des principes fondamentaux de gouvernance publique, à savoir le respect des populations et la transparence des actes. A ces deux niveaux, le président sénégalais a des (gros) progrès à faire. Macky Sall avait au moins 21 jours de campagne électorale, des moments privilégiés avec le peuple, pour dire ses intentions, en expliciter le fond et la forme. C’était le moment d’en vendre le contenu aux Sénégalais.  C’est le contenant – emballage – qu’il a choisi de leur livrer.
 
Ce mode de gouvernance opaque n’est pas acceptable dans une démocratie représentative. Il en est même une contradiction flagrante à cause du degré de trahison qu’il inflige à la volonté populaire. La suppression prochaine de la primature peut être du domaine des attributs du président élu. Mais la cachotterie qui a consisté à le taire aux électeurs relève d’une malhonnêteté intellectuelle dont on peut craindre qu’elle ait des prolongements négatifs au cours de la mandature. C’est donc tout l’échafaudage institutionnel et politique prévu pour sa succession que le président de la République installe sous une ère de soupçon.    
 
 
 
 
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1.Posté par Alain Albert LE CLEC''''H le 25/04/2019 14:01
Pour le bien de la démocratie il serait bon qu'il affirme tout de suite qu'il respecte la constitution et qu'il quittera le pouvoir en 2024.

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