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Présidentielle en Colombie: Timochenko candidat, le pari risqué des Farc

Mercredi 1 Novembre 2017

Rodrigo Londoño, alias Timochenko, le chef suprême de la Farc
Rodrigo Londoño, alias Timochenko, le chef suprême de la Farc
Un an après la signature de l'accord de paix en Colombie, l'ancienne guérilla colombienne des Farc, devenue un parti politique, va chercher à arriver au pouvoir avec son propre candidat à la présidentielle, Timochenko, le chef de ces ex-rebelles.

Il s'agit d'un revirement de stratégie pour la Force alternative révolutionnaire commune (Farc), qui se disait, jusqu'à très récemment, disposée à soutenir un candidat favorable à l'application de l'accord de paix.

"Nous annonçons que notre candidat à la présidence de la République sera Rodrigo Londoño Echeverry, Timochenko", a déclaré mercredi Ivan Marquez, un porte-parole de cette formation politique, au cours d'une conférence de presse.

C'est donc le dernier commandant des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), devenues un parti politique fin août, qui va se présenter devant les Colombiens en mai 2018.

Mais le pari est risqué à plus d'un titre.

Tout d'abord, cet ex-rebelle d'origine paysanne de 58 ans, un homme corpulent de petite taille (1,65 m) au collier de barbe grisonnant, connaît des problèmes de santé. Il a été victime en juillet d'un accident cérébral qui a entraîné des troubles d'élocution et l'a obligé à se rendre à Cuba, où il achève sa rééducation.

Malgré cela, il a été nommé président de la nouvelle formation en septembre. Rodrigo Londoño était d'ailleurs absent mercredi "pour raisons de santé", a déclaré à l'AFP Marco Calarca, l'un des responsables de la Farc.

"C'est pour les paysans sans terre, les jeunes sans opportunité, les femmes sans voix que nous avons lancé notre candidature", a-t-il néanmoins écrit sur Twitter en fin de journée.

Ensuite, Timochenko entre en politique dans un pays historiquement gouverné par la droite et où l'ancienne guérilla souffre d'une image négative au sein de la population, selon les sondages.

En parallèle, les autres membres de la délégation ayant participé aux négociations de paix, dont Ivan Marquez, Pablo Catatumbo et Carlos Lozada, conduiront les listes pour les législatives et les sénatoriales de début mars.

"Nous entrons de plain-pied dans la bataille politique de 2018", a déclaré Ivan Marquez, l'ancien négociateur en chef de l'ex-guérilla.

- "Se mesurer électoralement" -

Les ex-guérilleros savent bien qu'avec Timochenko "ils ne vont pas gagner, mais ils savent qu'ils peuvent ainsi renforcer le mouvement politique. La paix signifie cela, passer des balles aux bulletins de vote", a souligné Victor de Currea Lugo, un expert du conflit colombien à l'Université nationale (publique).

Pour l'analyste Carlos Arias, la candidature de Londoño est "une stratégie de positionnement" pour "se mesurer électoralement". "La Farc va savoir quel est son niveau de représentativité", a-t-il ajouté.

Né le 22 janvier 1959 à Calarca, au coeur des plantations de café, et tout près du village natal de Tirofijo, le fondateur de la guérilla des Farc, Timochenko a été l'un de ses hommes de confiance. C'est lui qui, en mars 2008, annoncera publiquement sa mort, des suites d'un infarctus.

Mais ce n'est que le 4 novembre 2011, lorsque le successeur de Tirofijo, Alfonso Cano, est abattu par l'armée, que Timochenko prend les rênes de cette rébellion, issue d'une insurrection paysanne en 1964.

Ce stratège militaire, grand admirateur du Vénézuélien Hugo Chavez, devient alors à 52 ans le troisième chef des Farc et de ses 7.000 combattants, selon des chiffres officiels.

Formé à l'école du marxisme, Timochenko a milité au sein des Jeunesses communistes dans les années 1970 et étudié la médecine en Union soviétique puis à Cuba, mais sans être diplômé.

L'accord de paix signé avec le président Juan Manuel Santos en novembre 2016 garantit 10 sièges, cinq dans chaque chambre, à la Farc dont les candidats doivent quand même se présenter au scrutin.

Timochenko et les autres membres de la Farc devront cependant dans le même temps répondre devant la JEP (juridiction spéciale pour la paix, créée dans le cadre de l'accord) des crimes commis pendant les 53 ans de confrontation armée avec les forces de l'ordre. L'accord prévoit que les ex-guérilleros bénéficient de peines de substitution à la prison s'ils disent la vérité et dédommagent les victimes.

On ignore si les futurs candidats de la Farc pourront siéger avant d'avoir été ainsi jugés. (AFP)
 
 
 
 
 
 
 
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