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Inondations meurtrières en Grèce: deuil après une "catastrophe annoncée"

Jeudi 16 Novembre 2017

La Grèce était jeudi en "deuil national" après des inondations qui ont tué au moins 15 personnes près d'Athènes, présentées comme une "catastrophe annoncée" par les médias et des scientifiques qui ont mis en cause des décennies d'urbanisme erratique.

Selon le service des pompiers, cinq personnes restaient portées disparues et 12 personnes étaient blessées 24H00 après le déferlement d'un torrent de boue sur les zones touchées, les localités de Nea Peramos, Mandra et Megara, à 50 km environ à l'ouest d’Athènes.

Les inquiétudes des autorités étaient aussi avivées par la reprise de pluies torrentielles sur toute la région de la capitale, qui devraient se poursuivre au moins jusqu'au week-end selon la météo.

"Notre problème actuellement est de faire face à deux torrents, dont l'un qui coule toujours avec des gravats dans le centre de la ville de Mandra. Il y a maintenant un orage, les opérations sont très difficiles", a indiqué à l'AFP un responsable de la Protection civile.

Il a notamment imputé l'ampleur du bilan humain à l'heure où la boue a dévalé des hauteurs environnantes du Mont Patera au dessus de Mandra: "il était tôt et beaucoup de gens étaient dans leurs voitures pour aller au travail quand le drame a eu lieu".

"Vengeance meurtrière de la nature", "Torrent de responsabilités", "Catastrophe non naturelle": les quotidiens mettaient en cause l'irrespect des règles d'aménagement du territoire, chronique en Grèce depuis des décennies.

- 'Comme un tsunami' -

Le Premier ministre Alexis Tsipras a réagi dans la soirée en décrétant un "deuil national", une mesure essentiellement symbolique. L'armée a aussi ouvert ses camps pour héberger les personnes restées sans abri.

Découvertes mercredi tout au long de la journée au fil des opérations de secours, pour la plupart noyées, certaines victimes ont aussi été piégées à leur domicile, comme deux octogénaires habitant des sous-sols.

Les corps de deux hommes -- dont un camionneur de 47 ans emporté alors qu'il tentait de sortir de son véhicule noyé -- ont aussi été charriés jusqu'à la mer où la police portuaire les a repêchés.

Le torrent de boue "est venu comme un tsunami", a décrit mercredi soir pour l'AFP un commerçant Evangélos Kolovetzos, dont le magasin a été totalement ravagé, vitres brisées et portes enfoncées.

"Nos rues sont complètement détruites (...) un millier d'habitations ont été inondées, un tiers de la ville", a pour sa part indiqué le maire adjoint de Néa Peramos, Stavros Fotiou.

Plus de cent pompiers restaient mobilisés sur place jeudi matin, tentant de pomper l'eau et la boue qui continuaient de submerger habitations et axes routiers et de rétablir l'alimentation électrique et en eau, perturbée depuis la veille.

Jusque là "nous avons réussi à stabiliser la situation, il faut souhaiter qu'il n'y ait pas plus de victimes", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Dimitris Tzanakopoulos, sur la télé publique ERT.

- 'Cas d'école' -

Les experts se sont pour leur part engouffrés dans le débat sur les causes du désastre pour tenter de provoquer un sursaut officiel.

Pour le géologue Dimitris Papanikolaou, "le désastre était annoncé", les aménagements urbains dans la zone ayant bouché le cours des eaux, au mépris des impératifs environnementaux.

"A l'université, nous avions fait de Mandra un cas d'école pour les risques d'inondation", a indiqué ce géologue à l'agence de presse grecque Ana (semi-officielle), dénonçant une "intervention humaine caractérisée par une ignorance et indifférence criminelle".

L'environnementaliste Mihalis Petrakis a également mis en cause la déforestation des sommets entourant Athènes, au fil d'incendies estivaux, eux même souvent imputés à la spéculation immobilière sauvage.

Il a souligné le risque de répétition de tels drames au vu des retombées météorologiques du réchauffement climatique.

Selon ERT, la vulnérabilité d'Athènes et sa région aux inondations a déja été attestée par plusieurs désastres, le plus meurtrier ayant fait 40 morts en 1961.

La dernier drame de ce type remonte à 1994, quand neuf personnes étaient mortes dans un quartier proche du front de mer athénien, faute à l'époque d’aménagement et d'entretien de la rivière Kifissos le traversant. (APS)
 
 
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