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Hôpital Général de Grand-Yoff : les mésaventures d’une mère et de sa fillette

Mardi 19 Septembre 2017

Hôpital Général de Grand-Yoff : les mésaventures d’une mère et de sa fillette
J'ai passé la matinée à l'Hôpital Général de Grand Yoff... J'en suis sortie dépitée, découragée, TRISTE pour mon pays. Comment peut-on être insensible à autant de misère? Comment peut-on juste cautionner un système encore plus malade que ses patients? Comment ceux d'en haut peuvent-ils dormir la nuit ???

Pour ma fille de 15 ans qui y venait pour la première fois, ce fut un véritable CHOC!
"Mais Maman, est-ce que Macky Sall sait ce qui se passe? Est-ce que le Ministre de la Santé est déjà venu ici?"

Je vous fais grâce de tout ce que nous y avons vu dans ce laps de temps.
Des gens perdus, hagards. A l'inquiétude quant au sort du malade que l'on accompagne, se mêle la crainte d'un diagnostic sérieux qui va nécessiter de devoir débourser de l'argent que l'on n'a pas. La désormais fameuse tirade "Les nerfs sont tendus" prend tout son sens.
Devant nous, des rendez-vous sont donnés pour dans 1 mois à un malade qui tient à peine sur ses jambes. Insha Allah!
 
Sur un pan de mur carrelé qui a dû servir de tableau d'affichage, ma fille me signale d'un coup de coude, mi-amusée, mi-incrédule, qu'une conférence annoncée date de ... janvier 2016 tandis que la présence massive de tous les employés est vivement souhaitée pour une autre assemblée d'avril de la même année... Non mais, est-ce qu'il y a enfin quelqu'un qui va penser à enlever ces torchons et en passer un coup (de torchon) sur ce mur qui n'en peut plus d'être dégeu! (pardon mais c ça).

Les agents derrière la vitre font tâche avec leurs blouses immaculées, fardées, "perruquées", jetant régulièrement un coup d'oeil à leurs smartphones dernier cri! Ah tout de même, le temps ne s'est pas arrêté ! Elles sont aimables. Bien! Sans doute impuissantes et finalement blasées. A tant côtoyer la misère, on ne la verrait plus? Tout comme nul ne se préoccupe du ventilo crasseux qui leur souffle l'air et ses longs fils de poussière.

Puis un dédale de couloirs étroits, les malades (assis, debout, couchés parfois à même le sol), les cris, l'odeur du mal, le silence de la douleur. Indifférence totale ou résignation?
Je ne sais pas eux, mais pour qui a vu ou connu autre chose ailleurs, c'est juste inhumain.

A la consultation, Mina est invitée à s'allonger sur la table qui a sans aucun doute accueilli tous les patients précédents et qui sait, ceux de la veille peut-être. Des tâches douteuses sur le drap vert en attestent. Elle hésite, ouvre de grands yeux incrédules. Du regard, je l'encourage. Courageuse (je ne sais pas si je l'aurais fait) elle y va, la pauvre !
On lui recommande de faire de la Kiné. Malgré ce que je vois, Je ne veux pas fuir le "système". Je vais essayer de prendre rendez-vous. On nous trouve une date pour la fin du mois. "Je suis désolée Madame, y a pas de place avant ça. Vous avez de la chance même!", me répond gentiment la jeune fille.
 
En attendant? Eh bien tant pis!

Alhamdoulilah. Je rends grâce à DIEU. J'ai les moyens d'avoir le choix. Mais comme c'est triste d'entendre ma fille me demander, craintive : "Maman, est-ce que c'est très cher d'aller chez un médecin qui a son cabinet ?" Je lui demande pourquoi.
"Non juste pour savoir si on est obligé de revenir ICI. Je ne veux pas que tu dépenses trop, mais ICI c'est vraiment, vraiment, (elle ne trouvera pas les mots)...."
Je la rassure que NON, on ne reviendra pas (parce que rendez-vous trop éloigné et les maladies nosocomiales, non merci).

Soulagée mais surtout secouée par cette expérience, une fois dans la voiture, elle fond en larmes.
Je sais ce qui se passe dans nos hôpitaux, je suis à peine surprise de ce que j'y vois. Mais d'y aller avec ma fille m'a fait le revoir avec SES yeux et c'est dramatique.
Voici donc ce que nous offrons à nos enfants, un spectacle de DÉSOLATION.

"Maman, au fait les machines pour soigner le Cancer. Elles sont bien arrivées non?"
- Oui chérie. Il y des médecins qui font la formation pour pouvoir l'utiliser.
- OUF, Heureusement ! Ah mais ils doivent faire vite alors. »

On nous ment. Je lui mens pour la ménager parce qu'elle est déjà fort secouée mais SURTOUT parce que j'ai HONTE.

Je ne suis pas fière de mon pays !
 
Fatou Sène
 
 
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