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Démocratie en otage

Jeudi 20 Juillet 2017

Le système démocratique sénégalais rend possibles des scénarios historiques marbrés entre le meilleur, le pire et l’entre-deux. Autant il a pu générer - quasi spontanément - un événement grandiose du genre 23-juin-2011, autant il a pu fabriquer - de bric et de broc - une jurisprudence qui institutionnalise une sorte de demi-violation du secret du vote. Et ce, grâce à la possibilité laissée aux électeurs d’entrer dans l’isoloir avec seulement une partie des bulletins des 47 listes de candidats retenues pour les législatives du 30 juillet 2017.
 
A cet effet, le Code électoral a été modifié en son article 78 par l’Assemblée nationale lors de la session d’urgence tenue le 6 juillet dernier sur initiative du président de la République. Pouvait-on éviter cette distorsion apportée à la loi électorale à seulement trois semaines et quatre jours des scrutins parlementaires ?
 
Il aurait fallu – pour répondre oui à la question – que la démocratie sénégalaise se débarrassât auparavant d’une faiblesse majeure et déconstructive, celle d’avoir été condamnée très tôt à devoir subir la loi des aventuriers et professionnels de la politique. Ceux-là même qui se relaient au pouvoir depuis plusieurs décennies, profitant de la paralysie organisée des institutions censées pourtant mettre en œuvre la formule «le pouvoir arrête le pouvoir».
 
Les principes démocratiques consensuels – et très souvent contradictoires aux intérêts des lobbies et clans d’obédiences diverses - sont certes partout l’objet de contournement à travers le monde. Mais le drame sénégalais réside essentiellement dans l’affaissement de contre-pouvoirs transformés en machins cosmétiques ankylosés.
 
Le psychodrame qui a résulté de la détermination du pouvoir à «mettre de l’ordre» dans la pagaille présumée induite par une pléthore de listes législatives n’aurait jamais dû survenir si la classe politique était responsable et crédible. Nos politiciens ne sont d’aucune idéologie : ils n’obéissent qu’à leurs propres intérêts s’ils ne sont pas expressément contraints de faire prévaloir ceux du bien public.
 
Entre 2011 et 2012, le Pds au pouvoir a systématiquement refusé l’introduction du bulletin unique en dépit de tout bons sens : simplicité, accessibilité, coût financier moindre par rapport au système en vigueur, etc. C’était le minimum de reconnaissance que ses dirigeants pouvaient manifester à l’endroit de ce pays.
 
Mais le conservatisme, l’égoïsme et une certaine volonté de puissance avaient pris le pas sur la perspective de faire faire à notre démocratie un pas significatif en matière de transparence électorale. Le rêve était surdimensionné… En accédant au pouvoir, Macky Sall a davantage affaibli la démocratie à travers un processus électoral chaotique comme jamais le Sénégal n’en a connu.
 
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