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De Bétenti à Souleymane Ndéné Ndiaye : Deux visages tristes du Sénégal

Mercredi 26 Avril 2017

En l’espace de 48 heures, le Sénégal a vécu deux drames, d’inégale ampleur certes mais qui mettent un point…d’horreur à rappeler deux éléments essentiels de notre vécu quotidien : l’irresponsabilité meurtrière et impunie qui couvre une certaine gouvernance, et l’extrême capacité des politiciens à défier notre bon sens, à leur guise.
 
A Bétenti – un nom que des milliers de Sénégalais dont votre serviteur entendent pour la première fois de leur vie – une vingtaine de femmes et d’enfants ont donc péri dans les eaux simplement parce qu’elles n’avaient pas mis leurs gilets de sauvetage, dit-on. Certains, de mauvaise foi, attribuent même à ces pauvres victimes la responsabilité de cette négligence mortelle. Mais où étaient les autorités, elles ?
 
Jusqu’à preuve du contraire – un contraire qui devient de plus en plus réalité – l’Etat reste le garant de la sécurité des citoyens de ce pays. Donc, s’il y a maldonne, il est en responsable. Ces femmes devaient-elles pouvoir embarquer dans leurs pirogues sans le minimum de sécurité requis ? Non.
 
Alors, il faut croire que l’Etat du Sénégal est responsable de leur mort. Alors, l’Etat doit situer les responsabilités de cette tragédie dans la double chaîne de l’autorité déconcentrée et décentralisée qui n’a pas veillé à éviter ce drame. Alors, l’Etat doit sévir en sanctionner toute la chaîne d’incompétence à l’origine de cet homicide involontaire inacceptable.
 
On sait bien tous, cependant, que l’Etat ne fera rien. Comme à Médina Gounass, le président de la République et des ministres parleront, dénonceront, crieront (un peu), montreront leurs visages dépités, l’air grave et désolé… Ils offriront quelques millions de francs Cfa aux services de secours pour gérer les morts, les funérailles et le désastre collatéral. Au final, il ne se passera rien. En réalité, le pouvoir, celui-ci comme les précédents, se fiche « republicainement » de la mort de quelques compatriotes perdus dans leurs hameaux de l’intérieur du pays…
 
Il y a longtemps que les Sénégalais vivent sous le registre de l’iniquité en matière de sécurité. On voit bien chaque jour sur les grandes artères des villes des tombeaux-roulants appelés cars/bus de transport négocier des revenus monétaires avec la route, sans arrêt. L’autorité laisse faire, le citoyen s’y complaît, «monsieur mort » s’en réjouit. De l’autre côté de la République, chaque jour, la famille du premier des Sénégalais est l’objet d’une attention particulière, notamment vers Mermoz-Corniche : circulation stoppée, sirène stridente, flèche de motards… La vie est un calvaire pour les uns, sans soucis pour d’autres.
 
Le départ de Souleymane Ndéné Ndiaye pour la majorité présidentielle ? Un drame sans doute mais aussi un non événement tant la pratique de la transhumance est devenue un marqueur fondamental de l’éthique zéro qui carbure chez certains de nos politiciens. Le dernier premier ministre d’Abdoulaye Wade a tout dit de la transhumance. « On doit inclure une disposition dans le code pénal pour fusiller tout transhumant », disait-il dans des propos rappelés par nos confrères de Leral.net.
 
On le fusille ? A quoi cela servirait-il ? Simplement, il est temps que la société sénégalaise, dans son ensemble, travaille pour éradiquer cette furia alimentaire et toxique qui pullule dans l’entre-nous et qui prétend devoir régir notre destin. De quoi, Souleymane Ndéné Ndiaye est-il le nom, pour paraphraser Bourdieu ? Il a servi pendant dix ans le «dieu» Wade qu’il défendit comme le sauveur du Sénégal. Il a donc combattu durant dix ans tous les projets politiques adverses qu’il considérait comme dangereux pour le pays. De quelle once de crédibilité peut-il se prévaloir aujourd’hui pour être utile à son nouveau « dieu »?
 
Macky Sall, c’est exactement ou un peu l’histoire des régimes décadents qui s’ouvrent à tous les vents, même les plus encrassés. C’est un leader aveuglé par la volonté de puissance aux yeux rivés sur les additions de circonstance qui vont, un jour ou l’autre, encombrer son navire et précipiter la fuite de ses nouveaux amis.
 
On ne souhaite pas au chef de l’Etat de finir comme ses compatriotes de Bétenti. On lui demande juste de faire le job qui consiste à prémunir les Sénégalais contre une mort pareille. C’est sa responsabilité. Le khalife Umar Ibn Al Khattab ou d'autres figures exceptionnelles de la gouvernance publique d'hier à aujourd'hui pourraient être pour lui de formidables mentors sur ce plan là. Mais le veut-il vraiment ?
Momar DIENG
 
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