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Air de vacances et aire de jeux à l’ère du buzz !

Mardi 15 Août 2017

La chronique de BP
 
Après plusieurs mois d’études et de dur labeur, quoi de plus normal que de s'octroyer des jours, voire quelques semaines de farniente ? Une occasion pour se distraire, s’occuper d’autres choses et changer d'air et d'atmosphère en vue de recharger les batteries et de préparer de manière apaisée la rentrée, notamment pour les élèves et les étudiants.  
 
En réalité, il est même fortement recommandé, pour la santé de l'esprit et du corps, d'observer des pauses dans toute activité humaine pour accroître son efficacité.
 
Mais la distraction dont il s’agit ici est un divertissement sain et utile. Or, nous remarquons depuis plusieurs années et de manière plus accentuée une orientation particulière de notre frange juvénile et vulnérable vers des "activités de vacances" et programmes télévisuels puissamment sponsorisés et qui privilégient à outrance la musique, le football et le théâtre avec, derrière, un vrai business pour certains.
 
Pour ces programmes dits de vacances, l'espace temporel de l'hivernage ne constitue souvent qu'un prétexte commode pour rentabiliser leurs affaires car se poursuivant jusqu'au mois de décembre ou janvier, bien après la rentrée des classes. Les violences, tiraillements et querelles de leadership notés depuis plusieurs années autour des "navétanes" doivent faire réfléchir sur les véritables motivations de leurs promoteurs et pousser les pouvoirs publics et populations à exiger leur assainissement afin de ne pas transformer ces aires de jeux en espaces dévoyés et peu civilisés, au grand dam du plus grand nombre, au profit d'une poignée d'acteurs.
 
Les moments de vacances peuvent notamment être l'occasion de déplacements des enfants pour un meilleur brassage des familles, l’apprentissage des écritures saintes ou l'initiation aux métiers et autres activités champêtres permettant aux jeunes de mieux connaître les valeurs qui structurent leurs sociétés durant ces mois de break.
 
En suivant ces programmes, qui débordent largement le cadre des vacances, on demeure convaincus que le projet est de faire du Sénégalais, un citoyen absolument festif et distrait qui place la distraction, souvent futile, devant les vertus du travail utile. Alors que c’est l’inverse qui devrait être de mise, si on ne veut pas mettre la charrue devant les bœufs. Le jeune citoyen sénégalais a besoin d'être préparé à une meilleure prise en charge de ses futures et lourdes responsabilités. Nos défis sont un vaste champ que nous devons labourer avec abnégation et discernement !
 
Comprenons-nous bien, il n’y a aucun mal à se distraire, par le sport et la culture, bien au contraire, cela est même indispensable pour chasser l’ennui, mais faudrait-il le faire sainement. Toutefois, il convient de donner la priorité aux priorités et de ne pas confondre les moyens et la finalité. Le développement intégral et harmonieux de notre pays en dépend.
 
Ne nous trompons pas de but !
 
La violence aveugle et meurtrière avec l'effondrement d'un mur du stade Demba Diop, lors de la finale de la Ligue de football entre le Stade de Mbour et l'Union sportive de Ouakam (USO), renseigne à souhait sur le processus d'effondrement et de fuite (pourquoi pensez-vous aux fuites du BAC 2017 ?) de nos valeurs faites de fraternité, d'honnêteté, de paix et de sens des responsabilités. Un esprit morbide et "hors-jeu" escorte de plus en plus les compétitions sportives alors qu'il devrait s'agir d'une émulation saine faite de fair-play et de sportivité. L'altérité ou la considération d'autrui est une des exigences du commun vouloir vivre ensemble.
 
Réseaux sociaux ou caniveaux sociaux ?
 
Ce projet sociétal est aujourd'hui sous la menace de l'explosion des réseaux sociaux qui ont fini de nous transformer tous en producteurs et consommateurs excessifs d'informations des plus utiles aux plus saugrenues. Les filtres tombent sous les coups de boutoir des diffusions et partages sans vérification aucune mais aux dégâts multiples. Pourvu que ça assure le buzz ! Cette "buzzocratie" est en train de tuer à grand feu tous les avantages réels liés à la digitalisation ou numérisation des activités censées nous apporter de la vitesse, du rapprochement, de nouvelles commodités et de la simplicité.
 
Si l'on y prend garde, les réseaux sociaux risquent de se muer en caniveaux sociaux diffusant fléaux et maux à grande vitesse. Il nous faut donc des modules et programmes d'éducation au bon usage de ces technologies pour qu'elles jouent un vrai rôle social au lieu de nous servir à flatter nos bas instincts où chacun tente d'humilier l'autre, de ternir son image ou de le détruire. C'est un jeu à somme nulle dont personne ne sort gagnant. On y perd à tous les coups. Nos sociétés fragiles ont besoin de se construire la main dans la main.
 
Martelons-le bien, la liberté d'expression est un fondement de la citoyenneté mais elle n'a véritablement de sens que si elle repose sur la responsabilité.
Bonnes vacances !

Ballé Preira

 
 
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